Cultures politiques européennes de l’anti-esclavagisme

 

La base de données Cultures politiques européennes de l’anti-esclavagisme donne un aperçu de la polémique au sujet de l’abolition de la traite des esclaves et de l’esclavage en Europe. Elle examine la manière dont les politiques antiesclavagistes ont façonné les identités nationales européennes au XIXe siècle. Une culture politique se définit comme l’ensemble d’attitudes, de croyances et de valeurs sur une question politique particulière ou sur la politique en général dans une société donnée.

Cette base de données permet principalement d’établir des liens utiles entre les cultures politiques antiesclavagistes de divers pays européens. Elle couvre la période allant de la fondation de la première société abolitionniste européenne à Londres en 1787, jusqu’à la conférence antiesclavagiste d’envergure qui s’est tenue à Bruxelles en 1889. C’est pendant cette période d’à peine plus d’un siècle que l’abolitionnisme s’est développé pour devenir une véritable force politique, capable de bouleverser les politiques nationales et d’influencer le regard porté par les Européens sur eux-mêmes.

La base de données se décline en trois axes principaux:

 

  • Documentation relative à la campagne abolitionniste
  • Récits de voyage
  • Lois et constitutions

 

Par ailleurs, trois essais sont liés au projet et étudient de manière approfondie l’importance de chaque axe au sein des cultures politiques antiesclavagistes européennes.

La base de données permet aux utilisateurs de comparer les sources et d’examiner leur fonctionnement au XIXe siècle, dans différents contextes européens. Certaines initiatives comme Recovered Histories (les archives en ligne fournies par Anti-Slavery International) ont mis à la disposition des lecteurs une mine de documents concernant l’abolition de l’esclavage. La base de données en question n’est certes pas comparable à de telles ressources en matière de volume ; une collection qui regroupe toute la documentation correspondant à la campagne abolitionniste à travers l’Europe pour la totalité du XIXe siècle pourrait comprendre des milliers d’articles. En revanche, il s’agit ici d’adopter une approche sélective et comparative. Chaque texte s’accompagne d’un court résumé qui souligne les thèmes particulièrement pertinents tels que les identités nationales et les relations internes. Dans les trois essais, ces thèmes sont reliés puis replacés dans un contexte politique plus large.

Certains documents sont disponibles en téléchargement sur le site internet. Ils comprennent les trois essais, ainsi qu’une série de sélections de la base de données avec des images et informations plus détaillées qui permettent d’acquérir une vision plus fine des cultures politiques antiesclavagistes de l’Europe du XIXe siècle.

 

Documentation relative à la campagne abolitionniste

 

Le premier axe, consacré aux campagnes abolitionnistes européennes, représente la partie la plus importante de la base de données. Il faut entendre « documentation relative à la campagne abolitionniste » au sens large ; celui-ci inclut des pamphlets politiques, des essais, des livres, des articles de journaux, des poèmes, des pétitions, des lettres, des extraits de journaux intimes, des comptes-rendus de réunions de campagne et des diagrammes. Cette documentation a en grande partie été traduite et envoyée par des pays européens à d’autres, apparaissant ainsi dans plusieurs langues dont le danois, le français, l’allemand, l’italien, le russe, le suédois, l’anglais, le portugais, le néerlandais et l’espagnol. La base de données comprend des traductions publiées à l’époque, qui permettent de se faire une idée de la façon dont la documentation de campagne et les idées abolitionnistes circulaient en Europe au XIXe siècle.

 

Récits de voyage

 

Cette section de la base de données inclut des récits de la traite des esclaves et de l’esclavage, écrits à la première personne aux XVIIIe et XIXe siècles. Ces récits de voyage étaient rédigés par des capitaines de vaisseau, des marins, des missionnaires, d’anciens esclaves et travailleurs payés des plantations antillaises, des scientifiques, des abolitionnistes ainsi que d’autres voyageurs présents en Afrique, aux Amériques et dans l’Océan indien entre les années 1780 et 1880. De tous les récits d’esclavage à la portée du grand public, les récits de voyage figuraient à l’époque parmi les récits d’esclavage les plus influents et les plus lus. L’essai joint explique comment ils ont contribué à l’essor des cultures politiques antiesclavagistes européennes.

 

Lois et constitutions

 

La dernière catégorie comprend un ensemble de traités européens, lois et constitutions du XIXe siècle abordant la question de l’esclavage et de la traite des esclaves d’un point de vue légal. Y sont également répertoriés des pamphlets abolitionnistes qui s’intéressent aux aspects légaux de l’abolition de l’esclavage et de la traite ou proposent de nouvelles lois et sanctions pour les esclavagistes. Ces textes législatifs ont joué un rôle majeur en faisant évoluer les mentalités vis-à-vis de l’esclavage et de la traite des esclaves en Europe.

Sources pour la documentation:

L’auteur tient à adresser ses remerciements aux musées, bibliothèques et dépôts d’archives suivants pour avoir permis l’utilisation de leurs documents, ainsi que pour leur soutien: la bibliothèque de la Religious Society of Friends en Grande-Bretagne, les archives Tyne and Wear Archives, les bibliothèques de la ville de Newcastle, Wilberforce House à Hull, le musée Wisbech and Fenland Museum, le musée National Maritime Museum de Greenwich à Londres, la bibliothèque de la Société de l’histoire du Protestantisme français à Paris, les Archives départementales de la Somme à Amiens et les Archives départementales de la Gironde à Bordeaux, la bibliothèque Goldsmiths’ Library (à Senate House) de l’Université de Londres, la bibliothèque Rhodes House Library à Oxford, St John’s College à Cambridge, sans oublier les archives nationales françaises et les bibliothèques nationales de Grande-Bretagne, de France et d’Espagne. L’auteur remercie enfin l’École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris.

Les manuscrits et documents disponibles sous forme papier (qui proviennent souvent de sources multiples) sont référencés dans la base de données. Des liens sont fournis pour toute documentation disponible gratuitement numériquement, en grande partie par l’intermédiaire de trois référentiels: la bibliothèque numérique Gallica de la Bibliothèque Nationale de France (www.gallica.bnf.fr), Internet Archives (www.archive.org) et la collection de Recovered Histories (www.recoveredhistories.org). Les utilisateurs de la base de données abonnés aux bibliothèques universitaires auront accès à davantage de documents sur des bases de données en ligne, notamment aux collections des bibliothèques de la Religious Society of Friends en Grande-Bretagne et de la Goldsmiths’ Library of Economic Literature de l’Université de Londres.